[…] l’écologie politique veut se reconstruire en force de changement social qui compte aux yeux des habitant·e·s de ce pays, elle doit le faire sur la base d’un projet antiraciste. L’enjeu n’est pas la survie d’un parti politique – ses idées trouveront leur place dans d’autres mouvements. La question est la constitution d’un antidote à la xénophobie et au repli nationaliste. Il pourrait être puissant à condition de travailler dans cette direction.
Car en écologie, « on » n’est jamais « chez soi ». On est toujours chez les autres : chez les hirondelles qui laissent tomber les graines qui font pousser les forêts, chez les vers de terre qui font respirer les sols et permettent l’agriculture, chez les rivières qui entretiennent le cycle de l’eau et hydrate le monde.
Mais aussi chez les peuples du désert qui nous apportent le savoir de la culture des sols arides, chez les avocats nigérians qui assignent Shell en justice contre les ravages de ses marées noires, chez les cultivatrices indiennes qui réactivent des semences anciennes pour défendre la biodiversité du monde, chez les peuples autochtones qui nous font comprendre que la modernité occidentale est une vision tronquée du monde.
[…]L’écologie est une culture du souci du monde et de l’attention à celles et ceux qui l’habitent, humains ou non-humains. Elle est par essence contre les frontières et les assignations identitaires. Elle est la pensée du lien entre les espèces, de l’interdépendance, de la vulnérabilité partagée et de la nécessaire solidarité. Elle est métisse, hybride, vagabonde, internationaliste, décoloniale et no border.
Jade Lindgaard, Mediapart, La lettre écologie (061224)